Stress, anxiété et angoisse
Avoir peur d'avoir peur.
04 Octobre 2025
Le stress est une réaction physiologique « normale » quand nous sommes ponctuellement inquiets dans une situation donnée. La situation s’arrête : le stress disparait. Le stress avant un examen, une compétition, un entretien est tout à fait normal. Il apporte la dose suffisante d’adrénaline pour nous mobiliser sur l’événement important.
Le stress est une réaction normale adaptative du corps face à une situation difficile ou exigeante. Un peu de stress peut être utile, mais s’il devient trop fréquent ou intense, il finit par épuiser nos ressources.
L’anxiété c’est du stress fabriqué à distance d’un événement, simplement en y pensant. L’anxiété est la capacité d’autoproduire de la peur (et son cortège de réactions physiologiques) sur un événement qui n’est pas présent, mais sur lequel on focalise son attention. On peut stresser sur un problème qui va se produire mais n’est pas encore là (être anxieux de prendre la route demain, être anxieux de passer le Bac à la fin de l’année…), ou qui peut-être n’arrivera jamais (peur d’attraper une maladie, peur d’échouer à l’examen…). Si le ressenti de peur est réel, la cause de cette peur est imaginée.
"J'ai vécu une longue vie et eu beaucoup d'ennuis, dont la plupart ne sont jamais arrivés." - Mark Twain
L’anxiété est une usine à fabriquer du stress et de la peur déconnectées du réel, mais reliées à un événement « potentiel ». La peur, elle, est reliée à un événement réel : je suis face à un chien menaçant babines retroussées, j’ai peur qu’il me morde. C’est OK !
L’anxiété est une inquiétude persistante, l'appréhension d'un avenir potentiellement dangereux. Elle envisage un danger réel… ou imaginé. L’anxiété s’installe dans la durée et colore notre quotidien d’un sentiment d’insécurité, parasitant la quiétude du présent.
Se défaire de l’anxiété demande une forme de sagesse de la vie.
L’anxieux est un allergique à l’incertitude… Comme d’autres personnes sont allergiques aux poils de chats. Quand on se sait allergique, il y a deux solutions : ne plus côtoyer l’allergène, ou se faire désensibiliser.
Pour l’anxieux, l’alternative est la même : ne plus côtoyer l’incertitude ou apprendre à gérer l’incertitude.
Spontanément, les anxieux choisissent la première option en contrôlant au maximum les choses pour tenir à distance l’incertitude. Cependant cette stratégie a ses limites car l’incertitude est l’essence même de la vie et nous ne pouvons pas tout contrôler.
La seconde option, plus réaliste et plus sage, mais plus longue à mettre en place, consiste à se désensibiliser et apprendre, petit à petit, à faire avec l’incertitude.
Notre cerveau est un organe, lequel peut s’adapter si on l’entraine. Pour être moins anxieux, il faut procéder de la même manière que si on souhaite avoir une meilleure condition physique. Si vous souhaitez être plus musclé, il ne suffit pas de se le dire…
Il faut faire une démarche et s’inscrire dans un travail régulier sur un long terme… Il faudra aller courir régulièrement et/ou lever des poids de plus en plus lourds. On est d’accord qu’on n’observera aucun résultat après la première séance… C’est à l’issue de plusieurs séances d’entrainement, après quelques semaines ou mois, et à condition d’avoir été régulier et persévérant, qu’on peut observer notre silhouette se dessiner.
C’est la même chose pour baisser l’anxiété et apprivoiser l’imprévisibilité : se dire ou s’entendre dire de devoir être moins anxieux ne suffit pas.
Il s’agit de s’exposer de jour en jour à des incertitudes et apprendre à les gérer, à faire avec. Pour cela, il existe des outils et des exercices : marcher quotidiennement, écrire ses problèmes, noter entre 0 et 10 l’importance du problème, chercher factuellement des solutions, voir comment d’autres personnes ont réglé ce problème…
L’action est l’unique remède à l’anxiété.
Parallèlement, il est également important d’accepter l’idée qu’il y aura toujours des ennuis dans notre vie. Et puis, il y a certains faits de la vie que nous ne pouvons pas changer, ce sont ce qu’appelle David Richo les « données » inévitables de l’existence humaine :
Mais on n’oublie pas qu’il y aura aussi des bons moments, imprévisibles et indépendants de notre volonté…
L’Angoisse implique le corps tout entier qui sur-réagit de façon soudaine et brutale. Même si on peut avoir mal au ventre, trembler un peu, transpirer, l’anxiété reste plutôt mentale. Dans l’angoisse, les personnes ont la conviction qu’elles vont s’effondrer, faire un arrêt cardiaque, tant le corps se mobilise (augmentation du rythme cardiaque, difficulté à respirer…). Le corps s’affole. Même si médicalement, la personne ne risque rien, elle est intimement convaincue qu’il pourrait mourir tant les symptômes sont puissants.
Une attaque de panique est vraiment très impressionnante à vivre. Quand on vit une attaque de panique, on peut en être traumatisé. Selon l'endroit où on vit cette attaque de panique, on va associer ce lieu à l’attaque de panique. Et ensuite dès qu’on sera dans un endroit ou une situation qui rappelle cette attaque de panique, on va avoir peur, ce qui peut redéclancher une attaque de panique et va amener le sujet à éviter l’endroit : c’est un trouble panique qui s’installe et enferme le sujet. En développant la claustrophobie, agoraphobie, il va finir par choisir de rester chez lui.
L’angoisse finit par passer lorsqu’elle est ponctuelle et rattachée à un événement déterminé.
Mais quand les crises d'angoisse reviennent souvent, qu’elles modifient notre quotidien, cela signifie souvent qu'elles sont rattachées à un événement du passé qui n'a pas été purgé émotionnellement. L’angoisse chronique parle de nos peurs profondes, archaïques, de nos conflits intérieurs. L’aide d’un professionnel est souvent nécessaire pour en trouver le sens et s’en libérer.
Imaginons que demain vous passiez un examen.
Dès le lever, le stress peut apparaitre : votre cœur bat plus vite, vous vous préparez, votre corps se met en alerte pour vous aider à relever le défi.
Mais la veille au soir, impossible de dormir : des scénarios catastrophes défilent dans votre tête: Et si vous tombez sur le sujet que vous maitrisez le moins? Et si vous avez un trou de mémoire ? ... C’est l’anxiété, cette inquiétude persistante tournée vers l’avenir.
Et le matin, soudain, tout bascule : cœur qui accélère, souffle coupé, oppression sur la poitrine, impression d’être dépassé... Voilà l’angoisse, brutale et intense.
Pourquoi le trouble anxieux est si présent aujourd’hui ?
Les troubles anxieux ont toujours existé. Cependant, dans le passé, le sujet était passé sous silence et chacun trouvait ses solutions… En consommant de l’alcool ou du tabac par exemple.
Dans notre société, on reconnait le droit à être stressé donc les gens en parlent plus facilement depuis le début du siècle.
Une des hypothèses du Docteur Christophe André est que, si notre société est plus douce que celle de nos ancêtres (aux siècles précédents, la vie était beaucoup plus rude et violente : brigands, épidémies fréquentes, guerres, mauvaises conditions d’hygiène de vie, espérance de vie plus courte…), on contrôle beaucoup moins notre quotidien que nos aïeux.
Nous sommes devenus hyper-dépendants d’outils que nous ne contrôlons pas vraiment : aujourd’hui qui sait réparer sa voiture ? son ordinateur ? son téléphone portable ? Lequel soit dit en passant détient notre agenda, notre moyen de paiement, quasi notre vie !…
Par ailleurs, cette société est de plus en plus complexe, du fait de la mondialisation, et donc de plus en plus imprévisible puisque les facteurs et paramètres sont nombreux (épidémie de covid, inflation galopante, conflits dont nous ne comprenons pas les enjeux…)
Ce serait cette complexification de la technologie qui nous entoure et de laquelle nous sommes dépendants, associée à l’hyper-imprévisibilité du monde qui seraient la source de l’accroissement de l’anxiété.
Pour résumer :
Le stress est une réaction physiologique adaptative normale.
L’anxiété est un sentiment d'inquiétude durable sur des événements qui n'existent pas encore dans le réel ou n'existeront jamais.
L’angoisse est une peur intense et déstabilisante vécu dans tout le corps, dont l'objet n'est pas forcément dans la réalité.
Comprendre ces 3 nuances, c’est déjà mieux se connaitre.
Source : « Si j’avais (enfin) confiance en moi ? Avec Christophe André » - Les Lueurs