Le Principe du Petit Pingouin
Le syndrome de sur-adapatation
Nous vivons dans une société qui évolue si vite que nous devons faire preuve quotidiennement d’adaptation. Nous sommes dans une époque où beaucoup de changements se sont opérés en peu de temps : nous devons faire face et nous adapter aux nouvelles technologies, au changement climatique, à l’évolution du modèle familial, aux nouvelles conditions du marché du travail… Autant d’ajustements à faire pour entrer dans le moule et y trouver sa place… De l’adaptation à la sur-adaptation, la limite est ténue : c’est ce que nous enseigne « le Principe du Petit Pingouin »…
« Le Principe du Petit Pingouin » est un livre de Denis Doucet qui commence comme un conte pour enfants… C’est l’histoire de Little Boy, un jeune pingouin facétieux qui passe ses journées à faire des glissades sur « sa Montagne Russe », des courses avec ses amis pingouins sur la banquise, et pêche accessoirement quelques poissons pour se nourrir…
Mais ne s’agit-il pas là d’une métaphore du quotidien de la plupart d’entre nous ?
Un beau matin, Big Mouth, un grand phoque charismatique, débarque sur la banquise et s’intéresse à Little Boy… Elle le flatte sur ses talents de pêcheur et lui propose de travailler pour lui : Little Boy sait naturellement pêcher des poissons, donc il pêchera toute la journée et en échange Big Mouth lui donnera de l’argent. Elle le fait fantasmer sur tout ce que pourrait s’offrir Little Boy avec cet argent…
N’écoutant que sa gentillesse, Little Boy n’ose pas refuser et pêche pour Big Mouth. Très consciencieux et dévoué, il s’attache à très bien faire son travail et se montre un très performant pêcheur. Big Mouth l’encourage davantage à « pêcher plus pour gagner plus » ! Elle lui décrit tout ce qu’il pourra s’acheter… Little Boy passe énormément de temps à pêcher pour Big Mouth, et ne se repose que quelques jours de congés par an qu'il passe à dormir tant il est fatigué de pêcher. Terminées les parties de glissade et de rigolade avec les amis, desquels il se détache peu à peu.
Puisqu’il n’a plus de temps à passer avec ses amis, Little Boy accepte même la proposition de Big Mouth de partir pécher sur l’Equateur pour gagner encore plus d’argent… Je vous rappelle que Little Boy est un pingouin… Vous commencez à percevoir le rapport avec la notion d’adaptation ?
Si les aventures de Little Boy se terminent bien (je ne vais pas spoiler la fin !), ce conte nous emporte avec Little Boy et nous questionne sur le sens du travail, de notre vie, de nos choix… Si "La liberté de l’humain, c’est de pouvoir choisir ses aliénations" d’après le psychiatre et psychanalyste Robert Neuburger, Little Boy pointe du bout de l’aile (oui le pingouin est un oiseau !) le syndrome de sur-adaptation inhérent au rythme collectif.
Nous sommes chacun, à notre niveau, un peu Little Boy qui pense ne pas être capable ou digne de ce que les autres attendent de nous, ne pas être à la hauteur des challenges qu’on nous propose, qui estime ne pas en faire assez ni assez vite… Plutôt que de nous épuiser d’efforts intenses et vains qui ne permettront jamais de satisfaire pleinement notre environnement, l’auteur, par l’intermédiaire de Little Boy distille des conseils éclairés et éclairants pour cesser de chercher à s’adapter « à tout prix », et oser mener une vie plus en adéquation avec nos besoins fondamentaux et qui tend vers ce à quoi nous aspirons.
« Faire de sa vie une aventure qui mène à ce qui compte le plus pour soi. »
"Le Principe du Petit Pingouin" de Denis Doucet.