Voyage en Israël

ou de l'utilisation de la panic room...

23 Avril 2018

Septembre 2013. Je suis partie en vacances dix jours en Israël avec un couple d’amis qui m’avait gentiment proposé de les accompagner dans leur voyage. Ils avaient l’habitude d’échanger leur maison le temps des vacances et cette année-là, ils avaient choisi d'échanger leur maison strasbourgeoise contre cette jolie maison d’architecte située à Binyamina, à proximité de Césarée, station balnéaire sur la Méditerranée israélienne. Très sensible aux beaux intérieurs, aux beaux espaces, aux beaux environnements de vie, la maison me plaisait vraiment beaucoup. 

L’Israël peut sembler, vue de loin et sans entrer davantage dans les considérations géopolitiques, un pays sous tension, sur le qui-vive, et peu apaisant. Je me souviens que lorsque j’ai fait part à mes proches que je partais en vacances en Israël, certains avaient du mal à associer ce pays aux farnientes des vacances. Cependant, et ça a d’ailleurs été assez déroutant, et j’ai conscience que ça peut même paraître paradoxal, mais j’ai rapidement ressenti dans ce pays une sensation de douceur et de paix… Que ce soient les paysages, le climat, les odeurs, les gens, tout me semblait doux, moelleux, agréable, confortable. 

Le pays était à l’image de cette maison que nous occupions... (à moins que ce soit l’inverse…). Je m'explique:

C’était une maison très conviviale conçue pour la vie de famille avec une cuisine ouverte sur le séjour offrant ainsi une généreuse pièce à vivre qui caressait de lumière du beau mobilier à la fois design et chaleureux. Son jardin n’était ni grand, ni ordonné à la française, ni même parfaitement entretenu mais il était bucolique, vivant et baigné d’une douce lumière tamisée par les massifs et les oliviers, tout en offrant une vue dégagée sur les champs de grenades. 

Décidément, tout me plaisait dans cette maison, j’adhérais complètement à son esprit. Et pourtant en complément de tous ces éléments dédiés au bien-être, à la douceur de vivre et à l’invitation à être bien, elle comportait un élément contradictoire : une panic room... 

Je ne m’en suis pas rendu compte tout de suite tant cette panic room était parfaitement et discrètement intégrée à la composition de la maison: il s'agissait du bureau-bibliothèque. Dans un premier temps, j’ai trouvé dommage d’avoir installé des barreaux à la fenêtre de cette pièce, d’autant qu’il n’y en avait pas aux autres fenêtres du rez de chaussé… Ensuite, j’ai trouvé vraiment dommage d’avoir prévu une si petite fenêtre pour un bureau… Puis c’est en souhaitant trouver de l’intimité dans ce bureau en fermant la porte que j’ai constaté qu’il s’agissait d’une porte blindée. Ensuite un inventaire orienté de la pièce m’a confirmée qu’il s’agissait d’une panic room. La panic room, ou pièce de survie est une pièce sécurisée dans laquelle on peut se réfugier et survivre en cas d’attaque sérieuse ou d’intrusion d’individus menaçant. La porte et le vitrage blindés sont à l’épreuve des balles. D’après mes recherches (succinctes, car là n’est pas le sujet principal), il semblerait qu’à ce jour, l’Israël soit le seul pays au monde à exiger depuis 1992 que les nouvelles constructions soient équipées d’une panic room résistant au feu et aux armes à feu. 

Que m’a enseigné cette maison ? Où est ce que je veux en venir?...

Nous avons traversé et nous traverserons encore, tous, dans nos vies respectives, des moments où nous nous sentirons sérieusement menacés et mis à l’épreuve... Mais est-ce une raison pour vivre perpétuellement sous-tension, sur le qui-vive et sur la défensive ?

Comme cette maison d’Israël, invitons et aspirons avant toute chose à la douceur, à la quiétude et à la sérénité, tout en gardant quelques part une possibilité de repli dans la panic room. Oui l’Israël est un pays instable voire « dangereux », où le pire peut survenir à chaque instant, mais est-ce une raison pour vivre retranché dans un blockhaus ? 

Inspirons-nous de cette maison : organisons-nous une panic room quelques part, parfaitement intégrée à notre personnalité, mais ne vivons pas perpétuellement dans un bunker au prétexte qu’on pourrait être attaqué… 

Profitons de la douceur de chaque jour, de l’opportunité de chaque nouvelle rencontre, de l’enrichissement de chaque expérience. 

Shalom.