Trop de gentillesse...
...empoisonne.
La gentillesse, c’est comme le miel. Le miel un produit naturel reconnu pour ses vertus apaisantes et dont le parfum et le goût délicats ravissent. Personnellement, j’ai beaucoup de plaisir à retrouver chaque matin mes tartines de miel, et par gourmandise, je mange même parfois une cuillère ou deux de miel à même le pot.
Mais que se passera-t-il si je mange tout le pot de miel à la petite cuillère ?
Je vais rapidement ressentir un certain écœurement, mon corps me conseille d’arrêter, c’est trop. Si je ne respecte pas ce signal et que je continue à manger de ce délicieux nectar, je vais sans doute être malade à vomir, puis si je continue chaque matin à m’enfiler un pot de miel à la petite cuillère, je serai sans doute sérieusement malade à cause de l’excès de sucre: taux de glycérides élevé, diabète, maladies cardio vasculaire…
Quel rapport avec la gentillesse, la politesse, la douceur, la générosité, la bienveillance ?
On a trop souvent tendance à penser que la gentillesse est le visa pour des relations saines et apaisées. Gentillesse politesse, douceur, générosité, et bienveillance n’ont de sens et de vertu que lorsqu’elles sont sincères, adaptées et justes.
L’excès de gentillesse, ce peut être cette personne qui se sacrifie régulièrement en laissant systématiquement aux autres la meilleure part du gâteau : ce père qui mange systématiquement le pain de la veille et laisse le pain frais à femme et enfants, ce compagnon qui se contente (et semble même se réjouir !) d’une portion minime du canapé pendant que l’autre est affalé, … L’excès de générosité, c’est cette personne qui fait des cadeaux disproportionnés comme cet homme qui offre un billet pour Venise dès le second rendez-vous… L’excès de politesse, c’est cet ex qui continue à vous servir du « ma puce » et vous remercie à n’en plus finir d’avoir juste accepté de décaler votre week-end de garde des enfants, cette amie qui termine systématiquement ses sms en vous précisant qu’elle embrasse bien votre mari, vos enfants, le chien, le chat et le poisson rouge…
De fait, en agissant de la sorte la personne se place en infériorité, et positionne en conséquence l’autre en position de supériorité. Servilité ou pure hypocrisie (n’ayons pas peur des mots !), toujours est-il que l’autre se voit imposer le rôle du « maître ». Or l’autre n’a pas forcément envie ni besoin de cette position pour exister, et ne s’y sent pas forcément à son aise. Cette situation peut vite dégénérer et être source de malentendu car il est très difficile de reprocher à une personne dévouée sa gentillesse, sa politesse et sa générosité. Et c’est bien là que la situation devient piégeuse.
C’est exactement la stratégie empruntée par les « fameux » manipulateurs. Ils entrent dans la vie de l’autre en leur facilitant, voire en la transformant en un véritable conte de fée. Dans un premier temps, la vie avec eux est si belle, si facile, si simple, si douce, si… waouh ! Ils s’occupent de tout, on n’a plus besoin de se préoccuper de quoique ce soit, c’est tellement apaisant (comme du miel sur un mal de gorge !).
On reconnait facilement les potentiels manipulateurs à leur obséquiosité : C’est quoi ça ?
Une personne obséquieuse a la particularité d’exagérer les marques de respect, de politesse et de bienveillance. L’excès de gentillesse est une forme de manipulation, consciente ou inconsciente, qui consiste à être extrêmement serviable (dominé) de sorte à ce que l’autre devienne… le maître (dominant) donc responsable. Futé, non ?
La manipulation consiste à obtenir ce qu’on veut sans le demander directement.
Les personnes qui se comportent trop systématiquement envers les autres en « bon samaritain », qui sont extrêmement dévouées et généreuses, préparent insidieusement le terrain de la dépendance de l’autre à leur égard, de sorte à ce que l’autre finisse par toujours avoir besoin de lui. Au fur et à mesure de leurs agissements, lesquels visent "gentiment" à rendre la vie de l’autre plus douce et plus agréable, ils étouffent doucement mais surement le sentiment de compétence et le sens de la réalité et des responsabilités de leur partenaire (compagnon de vie, ami, enfant, collègue…). Evidemment, le sujet finit par ressentir l’inconfort de cette progressive perte de pouvoir et de libre arbitre (c’est comme mon histoire d’écœurement avec le miel à la petite cuillère au début…), mais il développe en parallèle un terrible sentiment de culpabilité à l’idée de revendiquer sa frustration auprès d’une personne si dévouée et si… gentille. S’il ne parvient pas à dépasser et à s’affranchir de cette culpabilité, il va refouler sa colère et la dépression deviendra leur seul exutoire possible.
Pour sortir de la manipulation, il faut accepter de faire de la peine à quelqu’un dont le seul tort serait de vouloir être gentil…
Comme le rappelle Thomas d’Ansembourg dans son bestseller, « Cessez d’être gentil, soyez vrai ».