Petits secrets et grands mensonges...
La Vérité si je mens!
Arfff, on ne va pas se mentir… Il nous arrive à tous de mentir, de s'organiser avec la vérité… Le mensonge représente une étape dans le développement de l’enfant qui vit beaucoup dans l’imaginaire, jusqu’à 7 ans âge auquel il établit distinctement la différence entre le vrai et le faux. Mais alors, pourquoi, même adultes, certains continuent à mentir ?
Le mensonge est une parade efficace pour maintenir une certaine paix ou tranquillité sociale. Qui n’a jamais prétendu que la tourte de belle-maman était vraiment « dé-li-cieuse », alors qu’elle est franchement... infecte ? Qui n’a jamais répondu « ça va très bien, merci » par convenance sociale ? Pour rester conforme à certaines règles de savoir vivre et à ce qu’on attend de nous, on utilise de petits mensonges sans (trop de) conséquences. Il ne s’agit pas de mensonges ayant pour but d’abuser de l’autre mais ils permettent simplement de rendre possible la cohabitation.
Quand le mensonge devient un mode de vie, il y a lieu de s’interroger sur en quoi il prend ses racines. Certaines personnes mentent sur leur vie pour susciter la pitié (« mes parents sont morts quand j’avais 10 ans »# rémysansfamille), ou pour épater la galerie (« j’ai fait une chute de ski et j’ai été évacué en hélico » #indianajones), pour séduire et impressionner ("je t'emmenerai en voyage à Florence" #Princecharmant)… Le point commun de toutes ces raisons est le besoin d’attirer l’attention sur soi à tout prix. En arrière plan de cette parade du mensonge, il s’agit là d’un défaut profond d’estime de soi puisque ce que l’on est vraiment, ce que l’on vit réellement, ce que l'on a à proposer honnêtement n’est pas considéré comme digne d’intérêt et le sujet doit s’inventer une vie à raconter. Le mensonge lui permet de créer une sorte de "légende" pour cacher la personne qu'il est vraiment. Il imagine, il estime que sa réalité ne puisse pas être acceptable par l’autre. En jouant ce personnage, il cherche à obtenir dans les yeux de l’autre une approbation, une admiration, une reconnaissance, une attention qu’il ne parvient pas lui-même à s’accorder. Et bien entendu, il obtiendra tout l'inverse quand il sera rattrapé par son mensonge...
On a également déjà rencontré ce genre de personnage qui brille en soirée à vous raconter leurs aventures extraordinaires, riches et nombreuses que même une vie ne suffirait pas pour les vivre ! Ils jouissent souvent d’un auditoire captivé et fasciné. Mener un auditoire en bateau avec des histoires inventées de toutes pièces est très grisant, et peut devenir addictif comme une drogue. On se souvient tous du cas de Christophe Rocancourt, personnalité fantasque qui a arnaqué de nombreuses célébrités en s’inventant une vie d’héritier Rothschild. « Dans le mensonge, il y a un plaisir de la manipulation et de la domination. Celui qui ment a un pouvoir sur l’autre, il le captive, l’envoûte, l’amène à croire ce qu’il veut » confirme JD Nasio, psychiatre. L’addiction au mensonge peut trouver sa racine dans le modèle parental : soit on a surpris ses parents en flagrant délit de mensonge, soit on a été très tôt rendu complice de leur dissimulation. Le goût du mensonge devient pathologique quand le menteur ne ressent plus aucune culpabilité à mentir. Le mythomane, lui, finit carrément par croire en son mensonge, et à n'est plus capable de discerner le mensonge de la réalité... Prisonnier de sa toute puissance, il ne se rend même plus compte qu’il vit un personnage inventé.
Arrêter de mentir nécessite un travail sur soi qui consiste d’abord à faire la paix et à s’accepter tel que l’on est vraiment, avec ses limites, ses failles, ses imperfections... Celui qui ment ne s’aime pas et se nie. Il s’agit donc d’étayer une juste et saine estime de soi et une acceptation de soi pour ensuite retirer ensuite le déguisement du mensonge.