Personnalité Borderline

Ne pas en faire une maladie...

09 Juillet 2023

PHOTOGRAPHIE DE GETTY IMAGES VIA LE SITE NATIONAL GEOGRAPHIC

Vous entendez sans doute de plus en plus souvent parler du trouble de la personnalité « borderline » (ou « état-limite » en bon français…)

Borderline est une construction psychique inhérente à l’environnement dans lequel le petit Homme se construit. Notre construction psychique dépend principalement de la qualité et de la force du lien d’attachement que nous aurons tissé avec nos adultes de référence. Un lien sécure engendra une construction psychique plus stable et plus confortable, un lien d’attachement insécure à chaotique engendrera une instabilité et une fragilité psychique.

Être « borderline » ou « état-limite » n’est pas une maladie à laquelle il faut trouver un remède, donc pas de traitement médicamenteux pour les borderline

Borderline, ce sont des traits de personnalité qui se sont dessinés au gré de nos expérience de vie et qui peuvent se modifier, adulte, selon l’environnement que l’on perpétue ou que l’on se crée. En général, les personnalités borderline ont grandi dans un environnement insécurisant, avec des parents maltraitants, ou négligents (malade, en relation toxique, excessivement impliqué professionnellement…). Une personnalité borderline risque de s’enfoncer dans son mal-être si elle persiste à répéter dans sa vie d’adulte les schémas relationnels délétères de son enfance dont elle n’a le plus souvent pas conscience. Ce sont ces schémas et jeux de rôles malsains pour elle et qui engendrent et perpétuent son insécurité. Dans les personnalités borderline, il y a très souvent dans l’enfance, un ou des traumatismes (deuil, agression, violence…), et des carences ou négligences affectives. C’est ce qui engendre l’instabilité et l’insécurité.

Cette instabilité est triple : émotionnelle, personnelle et relationnelle.

Le borderline présente une grande labilité émotionnelle, en éprouvant et exprimant toujours des émotions à l’excès, et avec une capacité à passer brusquement, dans la même journée, voire la même heure, du rire aux larmes et vice versa (ce qui est à distinguer des phases maniaque et dépressive du bipolaire qui s’inscrivent sur des périodes de plusieurs jours, voire semaines).

L’instabilité personnelle consiste pour le sujet à beaucoup se questionner et douter sur qui il est et ce qu’il vaut, avec souvent une très faible estime de lui-même. C’est la raison pour laquelle, il va souvent opter pour des conduites à risques, comme autant de défis pour se prouver sa valeur, mais aussi reproduire l’environnement insécure d’où il vient et auquel il est habitué (sa fameuse zone de confort). Ces conduites sont souvent dictées par une très forte impulsivité, et peuvent aller jusqu’aux tentatives de suicide, consommation de substances psychoactives (drogues et alcool), ou automutilations.

Les personnalités borderline ayant subi des négligences ou maltraitances affectives présentent toujours une importante blessure d’abandon, ce qui fait d’eux des candidats idéals à la dépendance affective. Elles vivent dans l’anxiété permanente que l’autre disparaisse, les laisse tomber, ne les aime plus. Ainsi, elles testent en permanence la résistance du lien avec les autres par des comportements extrêmes (souvent à la limite de l’acceptable pour les autres) qui vont finalement engendrer ce qu’elles redoutent le plus : l’autre se lasse et part. Ce qui va alors lui confirmer l'insécurité et la fragilité des liens et l'enfoncer un peu plus dans son instabilité émotionnelle

Ce n'est pas une maladie, donc il n’existe aucun traitement médicamenteux pour régler cet inconfort. 

L’unique solution consiste, pour le sujet, à domestiquer ses émotions et comprendre que s’il a été victime de maltraitances et de négligences dans son enfance, à présent, il est l'unique responsable de lui-même et il a la possibilité de ne plus perpétuer cette forme de maltraitance envers lui-même en s'organisant une vie plus sécure, souvent loin des personnes et environnement de son enfance. 

Pour cela, il devra incarner le parent bienveillant et engagé de l’enfant qu’il a été, en adoptant des comportements plus matures, mettre de la conscience sur son impulsivité et se dire dans certains moments « Mais qu’est-ce que je suis en train de me faire subir là ? »

Parce que, à travers ses comportements impulsifs et autodestructeurs, c’est lui-même qu’il abandonne à chaque fois un peu plus…


Bibliographie: "Guérir des blessures d'attachement - Apprendre à construire des liens apaisés" de Gwénaëlle Persiaux