Libérer ses émotions
Sortir du stress post traumatique
L’état de stress post traumatique n’est pas l’apanage des soldats et autres victimes du terrorisme. Il peut se déclencher dès lors qu’un individu vit un événement fulgurant auquel le psychisme n’était pas préparé. En fonction de la structure intérieure du sujet, le stress post traumatique s’installera (ou pas) dans un délai de un jour à plusieurs mois, voire plusieurs années… L’état de stress post traumatique est un sujet sérieux, mais souvent méprisé, et qui peut alors se transformer en état de mal-être psychique chronique (cauchemars, dépression, addiction, phobie….) sur le long terme. Plus le sujet est pris charge rapidement après l’événement, moins le développement de cet état chronique existe et persiste.
Nous pouvons tous potentiellement vivre un événement sidérant dans notre journée. Réveillés par le chant des oiseaux, nous ne sommes pas du tout préparés à apprendre dans la journée le décès brutal d’un proche, ou à être témoin ou même vivre un accident de voiture, ou à apprendre le divorce de nos parents mariés depuis 30 ans, ou à nous faire harceler par un supérieur hiérarchique ou… un élève.
Le stress post-traumatique peut apparaître dès lors que nous vivons un événement ou une série d’événements pour lesquels nous n’étions pas préparés et qui s’avèrent sidérants pour notre psychisme. L’événement doit être soudain, imprévu et violent physiquement et/ou psychiquement. Il agresse ou menace violemment l’intégrité physique ou mental. Donc, le harcèlement à la maison ou au travail peut engendrer un stress traumatique pour le sujet qui le subit continuellement.
Néanmoins, nous ne sommes pas égaux à développer un état de stress post-traumatique. Tout dépend de la structure intérieure du sujet : la personne est-elle stable ? A-t-elle un environnement soutenant et suffisamment secure ? Vit-elle isolée ou entourée ? Est-elle fatiguée ? Quelle est sa capacité au contrôle ? Autant de facteurs intimes qui détermineront notre capacité à gérer ce stress.
Le premier « soin » à apporter à une victime de stress post-traumatique est l’écoute. Lui permettre de parler de l’événement de sorte à le décortiquer comme au cours d’un acte chirurgical. Il est indispensable de disséquer l’événement dans ses faits, ses émotions, ses sensations (5 sens). Dans le cas d’un stress post traumatique, le mental tourne en boucle sur l’événement et reste donc bloqué dans le passé. Il s’agira de replacer l’événement ou la série d’événements dans la globalité de la vie, et prendre conscience que la vie continue maintenant dans le présent, que nous en sommes au centre, tout en acceptant l’imprévisibilité de la vie…
Il s’agira ensuite de débloquer les émotions associées à cet événement. « Il faut comprendre qu’une émotion, c’est de l’énergie. Tant qu’elle est bloquée, vous pouvez en parlez pendant des heures, elle restera bloquée » souligne Daniel Dufour, chirurgien et coordonnateur à la Croix Rouge. Or certaines émotions sont mal vues, mal aimées, et donc rarement accueillies : comme la colère par exemple. Elle est considérée comme une émotion négative… à tort ! La colère c’est de l’agressivité, donc une dose d’énergie brute si elle est libérée ! Ce qui est négatif c’est de la contenir.
Prenons l'exemple d'un homme victime d’un accident de la route assez sérieux pour le handicaper partiellement d’une jambe en le faisant légèrement boiter. Il vient en consultation chercher l’acceptation de cet accident pour passer à autre chose puisque il va devoir renoncer à sa carrière d’éducateur sportif. Par ailleurs, il est installé dans des "convictions spirituelles" qui l’ont fait renoncer à la colère. Donc il se refuse d’être en colère contre le chauffard responsable de l’accident. Pourtant quoi de plus compréhensible que d'être en colère contre celui qui a anéanti tous vos projets d'avenir? Et c’est d'ailleurs précisément l’expression de cette colère (hurler, crier, chez soi, dans la nature…) et la libération d’énergie (taper dans un oreiller, lancer des cailloux dans l’eau…) qui y est associée qui lui permettra d’être propulsé dans autre chose et de sortir de sa boucle…
Pour aller plus loin: Voir Article au sujet de Daniel Dufour dans Inexploré n°38 du Printemps 2018.
Bibliographie:
"J'ai failli y laisser mon âme" de Daniel Dufour
"La blessure d'abandon, exprimer ses émotions pour guérir" de Daniel Dufour