La dépendance affective

La reconnaitre et se soigner.

19 Novembre 2022

Le dépendant affectif a besoin des autres pour être heureux, calme, satisfait, se sentir bien et se valoriser. Si les êtres humains sont des êtres sociaux et interdépendants qui ont, par conséquent, naturellement plus ou moins besoin les uns des autres pour évoluer, le dépendant affectif a excessivement besoin des autres, toujours besoin des autres au point que cela lui cause des problèmes et de la souffrance dans sa vie.

La racine de la dépendance affective est la peur d’être abandonné (voir « Les 5 blessures de l'âme qui empêchent d'être soi-même » de Lise Bourbeau). Les causes possibles qui peuvent engendrer la dépendance affective se trouvent souvent dans l’enfance.

1- L’enfant s’est sentie de trop, ignoré ou abandonné.

2- L’enfant s’est senti responsable du bien-être de son ou ses parents : un enfant « adulte miniature » qui essaie de sauver un parent qui a plein de problèmes… Le fameux « Tu vas prendre soin de ta maman… » dit à un enfant de 7 ans qui vient de perdre son père.

3- L’enfant n’a été valorisé et reconnu que lorsqu’il performait et il ne se sentait aimé que quand il faisait quelque chose de satisfaisant pour son parent (bonnes notes, gagner une compétition, faire des tâches ménagères, ne pas faire de bruit...).

4- La principale raison reste souvent un attachement anxieux à ses parents : l’enfant évolue dans un environnement familial ou il ressent à la fois de la chaleur humaine et de l’insécurité lié à un sentiment d’abandon. Cet enfant deviendra un adulte qui fera tout pour rechercher la chaleur humaine et éviter l’abandon. Il développe la peur de l’abandon et pour éviter l’abandon à tout prix, il développe des stratégies du type  « Je vais tout faire pour plaire à l’autre, tout donner à l’autre, comme ça aucun risque qu’il m’abandonne. »

Le dépendant est obsédé par sa peur d’être abandonné et c’est elle qui dirige sa vie. C’est donc la peur et non la joie ou l’enthousiasme qui conditionne les décisions du dépendant.

La dépendance affective peut engendrer bien des conséquences dont :

1- L’adulte que l’enfant est devenu va recréer « l’enfer connu ». Sans s’en rendre compte il va recréer l’univers insatisfaisant proposé par les parents en attirant inconsciemment à lui des partenaires inadéquats comme l’étaient ses parents. Aussi incompréhensible que cela puisse paraître, si on laisse le choix à un humain entre « l’enfer connu » ou « le paradis inconnu », il choisira spontanément « l’enfer connu ». Donc il prend les mêmes et il recommence en choisissant des partenaires qui lui font vivre les mêmes tourments que durant son enfance.

2- Le dépendant affectif donne trop, beaucoup trop, sans rien demander en retour. Il a souvent des comportements à la limite de l’envahissement : il bombarde de messages, il inonde d’appels, il couvre de cadeaux, il propose de se voir souvent, tout le temps… C’est un adepte de la relation fusionnelle, il ne conçoit pas la relation amoureuse autrement.

3- A force de trop donner sans recevoir de manière équivalente, il creuse son découvert (comme à la banque si vous dépensez plus que vous ne gagnez), et le dépendant sent monter en lui de la frustration, de la colère, de l’aigreur et du ressentiment. La haine se mêle à l'amour. Mais il n’ose pas l’exprimer : ce serait tellement dangereux pour lui qui craint tellement d’être abandonné par l’autre… Il sent la colère monter en lui mais il la contient, il la ravale. Or toute cette colère accumulée est une bombe à retardement qui risque de sortir de manière éruptive, inappropriée et dangereuse. La célèbre goutte d’eau qui fera déborder le vase, et le non moins célèbre « j’ai tout fait pour toi ! » (comprendre « j’étouffais pour toi ! »)

4- Le dépendant dit oui à tout sans consulter ou tenir compte de ses limites et de ses besoins, de peur de déplaire et… d’être abandonné. Il est capable de modifier et contrarier ses projets pour accéder à la demande de l’autre même si elle ne lui est pas profitable et qu’il doit faire un crochet de 150km. Ce qui lui importe par-dessus tout est de plaire à l’autre, peu importe ce que cela lui coûte, il ne regarde pas à la dépense. Si c’est OK de faire parfois des sacrifices par amour pour l’autre, le dépendant affectif, lui, fait souvent des sacrifices par manque d’amour pour lui-même.

5- Le dépendant affectif évite les conflits, toujours de peur de déplaire et d’être abandonné par l’autre. Par conséquent le dépendant affectif n’exprime jamais son désaccord, son insatisfaction, il ne dit jamais non et refuse rarement les demandes et propositions qui lui sont faites.

Pour le dépendant affectif, affirmer ses limites et dire non viennent activer sa peur d’être abandonné. Et c’est pour tenir à distance l’inconfort de cette peur qu’il a le comportement décrit dans ces 5 points.

Comment sortir de la dépendance affective ?

Passage obligatoire: DIRE NON et POSER SES LIMITES, en ayant au préalable rassembler assez de courage pour traverser la peur d’être abandonné, et se rendre compte que derrière cette peur… beh il y a la liberté.

Affronter sa peur est la solution la plus puissante, la plus rapide et le plus efficace pour la dissoudre.

Dire non, ressentir la peur, puis réaliser que l’autre accueille ma réponse et que je ne suis pas mort! Quand on pose une limite ou dit non à la demande de l’autre, il est important d’observer la réaction de son interlocuteur : est-il respectueux de votre limite en essayant de collaborer et trouver une solution ensemble, ou, vous fait-il sentir coupable, devient-il menaçant, cherche-t-il à vous faire changer d’avis ? 

S’entendre répondre « non » peut faire ressentir à l’autre de l’abandon : dans ce cas, on est face à un dépendant affectif (qui s’ignore peut-être), qui ne vous respecte pas, ne respecte pas vos limites comme il ne se respecte pas lui-même ! 

Le dépendant affectif remet tout le pouvoir sur sa vie, ses décisions, initiatives, pensées, croyances entre les mains de l’autre. C’est comme si il remettait les clés de sa maison à l’autre en lui disant qu’il peut y faire ce qu’il veut. 

Tout ce dont on dépend, que ce soit une personne ou une habitude, finit par prendre le contrôle de notre vie. 

Peur d’être abandonné, peur de déplaire, peur de décevoir, peur de mettre l’autre en colère, peur d’inconforter l’autre, peur d’être invalidé, … : tant qu’on cherche à tenir à distance ces peurs plutôt que de les affronter, on se nie, on nie profondément qui on est et on tient ainsi à distance notre être véritable, et en fait C’EST NOUS-MEME QUE NOUS ABANDONNONS

Le dépendant affectif craint que l’autre l’abandonne, mais dans la réalité, il s’abandonne lui-même. 

Donc la solution consiste à d’abord consulter et éventuellement répondre à ses besoins avant de s'engager de répondre aux besoins de l’autre, et de ne jamais se laisser tomber au profit de quiconque.


Article inspiré de la vidéo de Diane Gagnon et Denis Carignan « Sexe, Amour et Couple : dépendance »