Etes-vous solastalgique ?
Ou éco-anxieux peut-être?...
La solastalgie ou éco-anxiété est un sentiment complexe composé de tristesse, d’impuissance, de peur, et de colère. C’est une perte d’espoir puisque que le solastalgique (ou éco-anxieux) est intimement convaincu que la société a passé un point de non-retour.
Pour les plus pessimistes, le monde va purement et simplement s’effondrer et on va tous souffrir voire mourir, d’où des insomnies, des angoisses, la perte du sens voire la dépression.
Pour d’autres, c’est la certitude que le système tel qu’il est aujourd’hui va certes s’effondrer, mais pour un autre mode de fonctionnement nettement moins confortable que l’actuel. Ceux-ci ressentent une appréhension, une certaine souffrance morale empreinte de mélancolie, comme si ils faisaient le deuil blanc (deuil par anticipation) du monde dans lequel ils vivent.
Dans les 2 cas, l’éco-anxieux n’a strictement aucun espoir en un monde meilleur, ni même en la possibilité de sauver celui dans lequel il vit.
Comment être insouciant quand on est convaincu que c’est « la fin du monde » ? C’est pourquoi l’éco-anxieux ressent un double décalage.
D’une part, il ne comprend pas (ou plus) le comportement de ses concitoyens qui continuent à obéir aux injonctions de la société de consommation tout en envenimant le bilan écologique global : consommer = polluer = chaos. Cette prise de conscience engendre un sentiment de solitude, d’incompréhension, et parfois de colère. Les éco-anxieux se marginalisent et finissent par se regrouper entre eux pour se soutenir et se comprendre mutuellement.
D’autre part, le solastalgique se sent coincé aux entournures dans un environnement pollué à devoir accomplir un travail dépourvu de sens. Ce mode de vie devient insoutenable. Or pour diverses raisons et par habitude, il lui est difficile de rompre avec les schémas insatisfaisants mais familiers donc rassurants, et il résiste à vivre à l’opposé de ses aspirations qui tenderaient à une certaine décroissance et à un mode de vie plus sobre.
C’est ce désalignement entre ce qu’il ressent, ce à quoi il aspire et ce qu’il pose comme acte dans sa vie qui génère la souffrance du solastalgique. Sa vie n’a pas de sens et il y contribue. Comment en sortir ?
Pour se défaire de l'éco-anxiété, il faut être vigilent à ne pas se laisser emporter par l’angoisse existentielle en reprenant coûte que coûte le contrôle de sa vie de sorte à la mener en cohérence avec ses valeurs et aspirations. La meilleure façon est de transformer les prises de conscience en actions cohérentes et concrètes. Puisque l’éco-anxieux ressent qu’il n’y a pas d’issue à ce rythme de consommation effréné : il décroît tout simplement.
« Sois le changement que tu veux voir dans le monde. » - Gandhi.
La seule et unique solution d’apaisement est d’être en cohérence avec son ressenti et sa vision du monde. Au quotidien et à l’échelle individuelle, il s’agit de consommer différemment : trier et réduire les déchets, acheter en vrac, consommer de manière plus consciente et éthique (locavore, respecter la saisonnalité), préférer les aliments d’origine végétale aux produits d’origine animale, privilégier évidemment le bio (quand il ne provient pas de l’autre bout de la planète !) pour limiter l’usage des pesticides, adopter 2 poules si on a un peu de terrain, entreprendre un petit potager, préférer l'occasion au neuf (habits, outils, meubles...), rationaliser les déplacements en renonçant au transport aérien et en privilégiant les transports collectifs (trains, covoiturage…).
A l’échelle de la société, il s’agit de se documenter (livres, chaines youtube, groupes facebook…) et de prendre conscience qu’on n’est pas seul à ressentir (pressentir ?) l’évolution du monde de cette façon. Aller à la rencontre de personnes qui ont les mêmes préoccupations non pas pour surenchérir et ressasser sur la dangerosité de la situation (attention à la saturation et au débordement !), mais pour se regrouper et trouver ensemble des solutions pour la suite (collapsologie, mouvement survivaliste…) et donner du sens à son quotidien.
« Il y a deux écueils à éviter : le premier, c'est de dire que "tout est foutu". Le deuxième, dire que "tout ira bien". On a besoin d'optimistes et de pessimistes actifs, qui se préparent aux multiples chocs à venir, et pas d’optimistes et de pessimistes passifs, dans le déni. » - Pablo Servigne le 04 Avril 2020