Et pour changer...

...Si on changeait ?!

29 Octobre 2017

Paradoxal et contradictoire, l’être humain est ainsi fait ! Il arrive toujours un moment dans notre vie où on souhaite changer tout en ne perdant rien qu’on a déjà : avoir un compagnon mais pouvoir vivre comme un célibataire, changer de travail mais conserver la sécurité du CDI en cours, partir à l’aventure mais dormir dans un lit chaque soir, … Les exemples sont nombreux.

Nous sommes souvent favorables au changement dans l’absolu à la condition de conserver confort matériel, sérénité d’esprit, statut social, et habitudes. Or, c’est en s’agrippant à ces choses du passé que nous alimentons la résistance au changement et que nous ne permettons pas à la nouveauté de s’installer dans notre vie. En retenant avec force ce que nous considérons comme bon pour nous, nous nous empêchons aussi d’être libéré de ce qui ne convient plus. Bien évidemment ce sont notre culture et notre éducation qui nous ont formés dans ce sens. Le besoin de contrôle, les habitudes, l’instinct de conservation et les peurs nous poussent à imaginer que les choses sont définitivement acquises quitte à lutter pour ne rien laisser filer.

Le sentiment d’insécurité est naturellement présent chez tout être humain. Il le renvoie plus fondamentalement à l’angoisse de la Mort, cette grande inconnue… La meilleure façon de différer ou même d’éviter le chaos fatal serait de bouger le moins possible, voire ne pas bouger du tout ? L’immobilisme est une tendance à résister au changement, à s’opposer au mouvement et à l’aspiration de la vie. Or, même si nous refusons l’idée du mouvement car elle nous déstabilise, la vie étant par essence le mouvement, elle nous mènera au changement par nécessité. Un jour ou l’autre, la vie nous confronte à la vague de la transformation.

Le mouvement et le changement sont des signes d’évolution, de Vie. L’immobilité et la stagnation renvoient à la Mort. A l’hôpital, sur le moniteur cardiaque, une courbe alternant avec des hauts et des bas est plutôt bon signe. La ligne continue, horizontale et lisse est mauvais signe, non ? 

Chacun est confronté à un moment donné de sa vie à la prise de conscience de son insatisfaction plus ou moins profonde sur un ou plusieurs plans de sa vie : professionnel, amical, amoureux, social… Chaque aspect de notre vie peut être concerné par la rémanence de cette prise de conscience quand on identifie le décalage entre notre réalité et nos aspirations profondes.

D’abord une telle prise de conscience peut frustrer et rendre fataliste : « C’est comme ça, on n’a pas toujours ce qu’on veut, c’est la Vie ! ». Justement, NON, ce n’est pas la Vie de bloquer les aspirations au changement ! On peut aussi choisir d’accepter de s’abandonner à l’invitation du mouvement de la vie, et de s’entraîner à surfer sur la Vie. Si cet état d’esprit est naturel chez certaines personnes, d’autres doivent travailler sur elle pour parvenir à embrasser l’impermanence de la Vie afin d’accueillir le changement et la nouveauté.

Lorsque l’on n’apporte pas soi-même le changement nécessaire à un moment de notre Vie, dans beaucoup de cas, les processus de transformation sont amorcés par des facteurs extérieurs. Faute d’avoir pris soi-même rendez-vous avec le changement inhérent au processus de la Vie, ces facteurs extérieurs sont des sortes de convocations auxquelles on ne peut plus se soustraire : accident, maladie, perte d’emploi, séparation…

Mais avant la convocation avec laquelle il devient difficile de négocier la date, l'heure et le lieu, nous recevons quelques invitations comme la remise en question, l’intuition, l’insatisfaction, la frustration. Ces passages sont des invitations à faire le point sur nos choix de vie et nos aspirations profondes, nos rêves, pour en identifier objectivement les décalages. De ces synthèses peuvent émerger des prises de conscience, des évidences qui nous montrent que nous sommes prêts à passer à autre chose.

Cependant, si nous refusons toutes les invitations, pourrait alors arriver la convocation à laquelle il est impossible de se dérober, et avec laquelle il est difficile de négocier. 

Une maladie ou un accident peuvent nous amener sans détour à un degré de lucidité profonde quant à la situation dans laquelle nous étions. Nous connaissons tous le témoignage d’une personne qui a dû côtoyer la Mort pour enfin vivre de manière plus vraie, comme si la souffrance avait été une sorte de guérison. La Vie fonctionne par contraste : faut-il effleurer et accepter l’idée de la Mort pour enfin accepter la Vie et son essence-même ?

Les chocs affectifs inhérents à une séparation ou à la perte d’un être cher sont des événements sidérants qu’il s’agit d’accepter et de dépasser. La perte d’un être cher (deuil ou séparation) crée un vide dans notre vie, et faute d’être face à l’autre, on est face à soi-même. Il arrive dans ce moment-là, après la période de deuil indispensable pour permettre à la vie de refleurir, que certains parviennent à se rapprocher alors d’eux-mêmes. 

Il semblerait que nous ayons le choix : accepter le changement et changer en conscience ou résister au changement jusqu’à ce qu’il nous convoque. « Le secret du changement consiste à concentrer son énergie pour créer du nouveau, et non pas pour se battre contre l'ancien. » conclut Dan Millman – « Le Guerrier Pacifique ».

Cet article est inspiré du livre « Le Guide de la Personne heureuse » de Vanessa Mielczareck.