C'est quoi "Aimer"?

Rappel des points fondamentaux.

24 Février 2019

C’est quoi l’Amour ?

C’est compliqué… Déjà orthographiquement : le ton est donné par ce mot qui se définit du genre masculin quand il est au singulier et du genre féminin au pluriel… Et oui, on écrit « Un amour vrai, et des amours vraies »… On comprend bien que le concept n’est pas simple à appréhender…

De quel amour allons-nous parler ici ? En effet, si les anglo-saxons ont eu la prudence de prévoir deux mots pour aimer selon que nous aimions le chocolat (I like chocolate) ou que nous aimions notre enfant (I love my son), c’est que la notion méritait d’être précisée. Ici, dans cet article nous ne parlerons pas de l’amour du chocolat ou des films de genre, mais de l’émotion d’amour entre individus.

« Comment faire pour te donner la preuve, Puisqu'un amour ça ressemble à rien » chante Laurent Voulzy dans le Cantique Mécanique. En effet, la complexité de l’amour a été beaucoup chantée, jouée, décrite et je voudrais dans cet article reposer simplement quelques bases.

Comment savoir si on aime véritablement une personne ou si une personne nous aime véritablement ? 

Pour répondre à cette question, il faut d’abord répondre à une autre : Me respecte-t-elle dans ce que je suis ? (ou, est-ce que je la respecte dans ce qu’elle est ?) En effet, avant d’aimer, il est indispensable de respecter. Le respect est la base qui permettra éventuellement, ensuite, d’aimer. Dans notre société, il est attendu que nous nous respections les uns les autres. Un élève respecte son prof, et un prof respecte son élève : on ne leur demande pas de s’aimer ces deux-là !… Une relation, quelle qu’elle soit, s’installe d’abord dans le respect pour ensuite peut-être évoluer vers une relation d’amour.

De ce point de vue, on comprend clairement que les relations ponctuées de violence verbale, d’insultes, de reproches, de violence physique, de coups, de privation, d’humiliation, de chantage ne peuvent pas être des relations d’amour. Elles sont une manière de relationner, d’avoir l’attention de l’autre, ou de donner de l’attention à l’autre mais elles ne constitueront jamais une relation d’amour.

«L'amour sans respect n'est pas l'amour. En prendre conscience et le fuir ne constitue ni un échec, ni même une défaite, mais une grande très grande victoire. » clarifie Agnès Ledig dans « Pars avec lui ».

Donc quand on aime une personne (que ce soit son enfant, son ami ou son compagnon de vie), on le respecte en tenant compte de ses besoins et de sa nature. On respecte le besoin de solitude de notre ami même si ce jour-là on avait très envie de partager une soirée avec lui, on respecte le besoin de repos de notre compagne même si ce soir, on a très envie de faire l’amour, on respecte le besoin d’autonomie de notre enfant même si on a très envie de le garder encore près de nous quelques années (voir syndrome du nid vide qui touche 35% des parents). 

A partir du moment, où on ne sent pas libre d’exprimer ses besoins et qu’on ne se sent pas accueilli dans notre nature, l’amour devient conditionnel : L’autre m’aime à condition de faire ou ne pas faire ceci, à condition d’être tel qu’il voudrait que je sois. 

Nous trimbalons tous avec nous les valises de notre première histoire d’amour : celle qui nous unifiait à nos parents. L’amour parental est vécu inconsciemment par l’enfant comme un amour conditionnel : mes parents m’aiment si j’obéis, si je suis conforme à leurs exigences. Devenus adultes, nous conservons souvent les engrammes de cette vision de l’amour qui voudrait qu’aimer signifie être celui que l’autre attend de moi. C'est là que le malentendu prend racine. Il s’agit pour l’adulte que nous sommes devenus de s’émanciper de cette façon d’être aimé et d'aimer pour accepter d’être aimé pour ce qu’on est vraiment, et savoir aimer l'autre inconditionnellement.

Etre véritablement aimé, c’est être aimé dans sa Nature. Pour illustrer l’idée, je vais reprendre l’exemple des 2 types de maîtres de chat proposé par Cesare Julio Giacobbe dans « A la recherche des câlins perdus ». Il existe 2 façons d’aimer son chat :

Il y a le maître qui, puisqu’il déborde d’amour pour son chat, ne lui souhaite que du confort et de la douceur. Le chat est enfermé dans la maison, il n’a pas le droit de sortir car c’est jugé trop dangereux (il pourrait se battre, se faire écraser… ), il a un moelleux couffin installé près de la cheminée. Été comme hiver, on n’ouvre ni les portes, ni les fenêtres de la maison : le chat pourrait se sauver !

Et puis, il y a le maître qui laisse le chat entrer, sortir, à sa guise. Il aime son chat donc justement il ne le prive pas de liberté. Quand Monsieur Chat fait l’honneur de sa présence, ils partagent ensemble des câlins. Ce chat rapporte souvent des cadeaux à son maître : des souris ou des oiseaux morts qu’il a chassés : c’est sa Nature, et sa vision du remerciement et de la reconnaissance. 

Dans ces 2 types de maître, lequel aime « véritablement » son chat ? Le second bien entendu ! Le second maître respecte la Nature de son félin, son besoin de chasser, grimper aux arbres, courir… En acceptant le risque de laisser vivre à son chat sa Vie de Chat, le maître accepte aussi l’idée d’éventuellement le perdre…

Le premier maître prive son chat de liberté, car il refuse surtout l’idée de le perdre. C’est pour sa satisfaction personnelle et non pour le bonheur de son chat que le maître retient le chat à l’intérieur de la maison. Visiblement ce maître est davantage préoccupé par ses désirs que par les besoins fondamentaux de son compagnon (à 4 pattes).

« Tu aimeras ton prochain comme toi-même » nous a-t-on enseigné dans la culture judéo-chrétienne, ce qui sous-entend que pour être capable d’aimer l’autre, il faut commencer par se respecter et s’aimer soi, inconditionnellement.