Crise d'angoisse
Oser observer le conflit.
La crise d’angoisse se caractérise par les symptômes suivants : des palpitations, des sueurs, des frissons, des douleurs thoraciques qui donne la sensation de faire une crise cardiaque, une difficulté à reprendre son souffle et étouffer, suffoquer, des tremblements ou des crispations musculaires, des vertiges.
L’angoisse n’est pas une état pathologique mais un état symptomatique conséquent à un mélange d’émotions contradictoires et non reconnues. Elle témoigne d’un conflit interne face à une situation dans laquelle on est sujet ou témoin. La personne souffrant de crises d’angoisse peut être pris en tenaille entre :
- pulsion (= élan et mise à disposition d’énergie pour agir) et interdiction (= obéir à une instance supérieure et ne pas bouger) : Un adolescent de 17 ans, témoin du comportement violent et injuste de son parent envers son petit frère, par exemple, et qui ne dit rien, ne fait rien, par obéissance à l’autorité parentale. Une partie de lui est gênée, dérangée, bouleversée par ce qu’il voit et entend, il ne valide pas, et en même temps une autre partie de lui lui demande de rester loyale à l’autorité parentale.
- désir (= élan) et peur (= blocage) : Une jeune femme s’ennuie dans sa vie, elle a des désirs d’évasion, d’aventure, elle consulte plein de sites qui proposent des treks, des rallyes, elle visionne des tas de documentaires sur les pays lointains qui l’attirent, et en même temps, elle a peur de quitter le confort de ses habitudes, de son appartement, de sa douche quotidienne…
- deux désirs contradictoires : Je veux sortir avec mes amis faire la fête ce week-end, et en même temps je veux travailler et me reposer pour me donner toutes les chances de réussir mon entretien lundi matin à 9h.
- colère et peur : Je suis très en colère contre mon patron car il ne m’a pas versé l’augmentation qu’il m’avait promis ce mois-ci et en même temps j’ai peur d’aller lui en demander l’explication…
En tout état de cause, l’angoisse s’arrêtera quand la situation qui induit ce conflit interne cessera. Pour cela, il y a deux possibilités.
La première consiste à s’éloigner de la situation si elle est extérieure à soi.
On observe des membres de certaines familles partir s’établir à l’autre bout du pays, ou même du monde, pour ne plus être témoins ou pris à partie dans des situations familiales qui viennent susciter en eux des conflits internes. Le frère et la belle-soeur de Sacha ont une relation dysfonctionnelle : ils se chamaillent souvent, peuvent s’insulter, il y a beaucoup de violence. Souvent, cela se termine avec la belle sœur qui demande l’hospitalité à Sacha qui vit à 500m de chez eux. Sacha a maintes fois tenté de raisonner le couple en leur suggérant de faire une thérapie de couple, faire un break, il a témoigné de son inquiétude, que cela risquait de mal finir pour eux, qu’ils étaient en train de se détruire réciproquement. Mais le couple ne change rien. Sacha souffre d’être témoin de cette situation, et en même temps, il ne se voit pas refuser l’hospitalité à sa belle-sœur les soirs de violence, donc finalement, d’une certaine manière il permet et participe à ces scénarios. Il profitera d’une opportunité de poste à 500km et la solution consistera pour lui à s’éloigner de cette situation toxique dans la mesure où, s’agissant de deux adultes responsables, il ne peut pas s’immiscer davantage dans la relation de couple de son frère sous peine d’ingérence.
Anaïs sort de l’école de management et elle a obtenu son premier poste, elle est rentrée dans une entreprise en qualité de directrice de production : une magnifique opportunité pour débuter sa carrière, ses parents sont si fiers d’elle ! Elle a décroché un poste très valorisant et pourtant elle fait des crises d’angoisse. Au fur et à mesure qu’elle s’installe dans le poste, elle prend conscience que les valeurs philanthropes portées en drapeau par son entreprise ne sont pas appliquées sur la chaine de prod. Pour réaliser les objectifs qui lui sont demandés, elle ne voit pas d’autre solution que d’imposer des cadences intenables pour les employés, de chronométrer leurs temps de pause, etc.. Elle est pris en tenaille entre ses ambitions et sa réalisation professionnelles, la fierté de ses parents, et ce qu’elle « fait subir » à ses équipes. Elle trouvera de la paix en démissionnant et trouvant un poste moins prestigieux mais davantage en accord avec ses idéaux humanistes.
La deuxième possibilité consiste à jouer les médiateurs entre soi et soi. Le conflit peut cesser en lui portant de l’attention et en faisant une médiation interne. Quand Kévin est en colère ne pas avoir reçu son augmentation, il est important qu’il regarde aussi sa peur d’aller demander l’explication à son patron. Or ce n’est jamais très confortable d’aller regarder cet aspect de soi, surtout quand on joue à faire croire à tout le monde et à se faire croire soi-même qu’on a peur de rien ! C’est en allant observer les émotions contradictoires qu’on peut discuter, négocier avec soi et être en paix avec soi sur ce qu’on fait ou ne fait pas. « Oui je suis irrité de ne pas avoir eu l’augmentation promise, et en même temps, je reconnais que j’ai peur d’aller en demander la raison... » A partir du moment où on ouvre les yeux sur le conflit intérieur, il n'est plus inconscient, et l’angoisse commence à baisser puisqu’on se reconnait entièrement et on s’accueille tel que l’on est, de manière authentique, en acceptant ses limites, ses failles, sa vulnérabilité.
Il appartient à chacun de s'accepter imparfaits et casse-pieds, parce que fragiles et mortels...