La dissociation traumatique

Retrouver les pièces du puzzle...

27 Mars 2023

Quand je vis une situation fulgurante et éprouvante et que je vis une grande insécurité, je suis tout à coup bombardé d’émotions intenses telles que la peur, la colère, la tristesse. C’est tellement inconfortable et douloureux que mon psychisme a envie de me couper de la situation, de m’anesthésier. C’est un système de protection normal et inconscient de notre psychisme. En effet, en cas d’émotions intenses, ma production de cortisol et d’adrénaline augmente dangereusement temps que je ressens le stress. Ainsi pour éviter toutes conséquences mortelles de surdosage (crise cardiaque, infarctus, syndrome du cœur brisé…), le cerveau shunte le ressenti des émotions. Je continue à vivre la situation et je peux la gérer sans trop de souffrance sur du court terme. Si la situation est « plus confortable » à vivre coupée des émotions, sur le long terme que vont devenir ces émotions intenses que je ne ressens plus mais qui vivent en moi ?

La dissociation s’opère sur le plan cérébral au niveau des synapses. Un neurone du cerveau est composé d’un corps et de terminaisons nerveuses : les synapses. Les synapses assurent la connexion entre les neurones pour transmettre l’information d’un neurone à l’autre. Lors d’un trauma, les synapses se décrochent et par conséquent l’information ne peut plus circuler sur les chemins neuronaux. Les émotions générées et non ressenties lors du trauma sont alors emmagasinées et isolées dans une sorte de boite située dans l’hémisphère droit du cerveau, et sans possibilités de communiquer avec l’hémisphère gauche du cerveau qui sait, elle, que l’événement perturbant est terminé et que je ne risque plus rien.

Les émotions intenses de l’événement traumatisant stockées dans la petite boite dans mon hémisphère droit restent intactes en termes d’intensité. Ce sont des émotions non digérées, non associées à un événement et non archivées qui vont pouvoir venir potentiellement parasiter les futurs événements de ma vie, pourvu que quelque chose, aussi insignifiant soit-il, me rappelle la situation de trauma. Dans ces moments-là, les émotions de la boite sont réactivées et vont surgir et me faire réagir de façon exacerbée. Cela peut aller de la peur, colère, tristesse à la crise d’angoisse. Je revis l’état émotionnel et sensoriel de l’événement traumatique. 

L’objectif en termes de soin est de réassocier les émotions avec l’événement traumatique pour permettre une digestion et un archivage de l’événement, et ne plus être parasité a posteriori. L’objectif est de purger les émotions de sorte à pouvoir repenser à l’événement perturbant, comme d’un moment pénible de ma vie, mais sans être envahi d’émotions aigues et douloureuses.

N’importe quel événement de vie peut être vécu par notre psychisme comme un traumatisme à partir du moment où la charge émotionnelle devient trop importante à gérer par notre psychisme. Plus je suis fragile et vulnérable (enfant, malade, enceinte, situation précaire…), plus je suis exposée à la dissociation.