Avec les jours qui raccourcissent, les événements Marchés de Noël qui fleurissent sur Facebook, et les films de Noël en pagaille sur M6, c'est officiel, nous entrons dans la période des préparatifs de Noël. Pourtant Noël ne fait plus l’unanimité ! De plus en plus de personnes admettent ne pas aimer cette fête, au point qu’on les a nommées : ce sont des Natalophobes.

Chez certaines personnes, les illuminations de Noël, costumes de Père Noël et autres décorations, symboles et chants de Noël créent plus d’angoisses, de tristesse, et de malaise que de réjouissance et d’émerveillement.

Les festivités de Noël sont largement fantasmées, idéalisées et survendues par la télévision, le cinéma et les réseaux sociaux. Dans les films, les publicités et autres publications, on y voit des familles unies et harmonieuses où tout est parfait, sans stress, sans fautes de goût, sans dinde trop cuite : de la décoration du sapin au contenu des assiettes, en passant par l’alignement des dents des enfants… ça dégouline de perfection.

Fête familiale par excellence, que vaut Noël à l’ère du divorce et des familles recomposées ? 

En 2023, beaucoup de quadras divorcés sont eux-mêmes des enfants de divorcés, et pour eux Noël rime avec ubiquité. Noël n’a plus la valeur de jadis car, dans de nombreuses familles, la fête est démultipliée : Noël chez Papa le 23, puis Noël chez Maman le 24, Noël chez Mamy Pitou le 27, puis chez Papy Jeannot le 28, … La fête en perd de sa substance et de sa magie.

On sait aussi que dans la vie vraie, Décembre n’est pas un mois différent des autres, ni plus facile, ni « plus magique » que les autres… La conjoncture économique devient de plus en plus difficile. 

Il existe, pour certaines personnes, un très gros décalage entre ce que « devrait être » Noël selon les images véhiculées par les chocolatiers (Ferrero en tête) et les films de Noël, et que ces personnes pensent effectivement être dans les autres familles, et « ce que Noël est vraiment » chez elle. C’est la perspective de ce contraste qui est douloureuse pour elles. Les clichés stéréotypés relayés par les films, pubs et autres contenus sur les réseaux sociaux les laissent à penser que Noël est un moment parfait partout sauf.... chez eux !

Se retrouver en famille autour du chapon est souvent le moment où on va se renseigner sur la vie de chacun. « Tu viens accompagné cette année ? » ou « J’espère que l’an prochain, je pourrai mettre au pied du sapin des petits chaussons pour ma petite fille ou mon petit fils... » Autant de questions, de remarques, remplies sans doute de bonnes intentions par la personne qui les pose mais qui peuvent mettre la pression à la personne à qui elles s'adressent. Comment passer un bon moment en constatant le bonheur ou la réussite de son frère, sa cousine, quand soi-même on est en pleine traversé du désert et insatisfait de sa vie ? 

Sans compter, qu’à l’heure de Me-Too-Inceste, on sait qu’un français sur dix a été abusé par une personne de sa famille ou un proche… Donc pour cette personne-là, fêter Noël, c’est jouer la comédie de la famille parfaite avec son agresseur et/ou toutes ces personnes qui prétendent l'aimer et ne l'ont pourtant pas protégé, voire pas écouté.

Comment fait-on quand on n’aime pas Noël pour survivre à cette période ?

Tout d’abord, il n’y ni honte, ni faute à ne pas aimer Noël. (Perso, je n’aime pas la période de Noël, d'où l'initiative de cet article...)

"Apprendre à se respecter et à respecter l'autre dans ses différences, cela veut dire “ne plus se laisser définir par l'autre”. Ce n'est ni le compromis, ni la soumission, ni les concessions qui maintiennent deux êtres ensemble, mais l'affirmation et la reconnaissance des différences." - Jacques Salomé

Noël tel que nous le connaissons depuis une petite cinquantaine d'années est une fête essentiellement commerciale inventée par une marque de soda américaine très sucré et caféiné, et soutenu par une chocolaterie multinationale d'origine italienne dont le siège est au Luxembourg... 

Jadis, les gaulois avaient choisi de faire une fête à cette période de l’année car ils avaient remarqué que leur moral était au plus bas au cœur de l’hiver et que parallèlement les jours rallongeaient, ce qui était plutôt réjouissant et encourageant. Le terme “Noël” aurait pour étymologie deux mots gaulois qui sont "noio" (signifiant nouveau) et "hel" (signifiant soleil). Donc ils ont pris l'habitude de fêter ce moment de l'année, au cœur de l'hiver, pour se donner du baume au cœur et affronter la deuxième partie de la saison froide. Le concept était de faire un moment convivial autour d’un banquet auprès de feu, chacun apportait simplement un met et une bûche (en bois, pas  à la crème au  beurre...) pour la cheminée.

On s’est bien éloigné de l’idée de base, vous remarquerez…

> Préparez votre Noël parfait tel que VOUS, VOUS l’entendez, et non tel que les médias ou votre entourage veulent vous l’imposer dans le foisonnement, les faux-semblants et l’hyper-consumérisme.

> Commencez par vous accepter tel que vous êtes: s'assumer avec son histoire, sa personnalité, son caractère, ses moyens matériels et financiers, ses valeurs, ses envies, ses vulnérabilités. Inutile de continuer à vous forcer de fréquenter les marchés de Noël et de faire un sapin si l’esprit de Noël vous inconforte. 

> Respectez vos limites, envies et ne vous imposez pas de faire des choses qui vous déplaise. Si l'idée d'un réveillon familial ne vous enthousiasme pas, proposez de venir le lendemain pour le café... Une invitation est toujours négociable, déclinable, sinon ce n'est pas une invitation mais une convocation, et votre famille n'est pas une gendarmerie ou un tribunal (enfin normalement...).

> Chacun a le droit de ne pas apprécier les fêtes de fin d'année et n’a pas à les subir pour faire plaisir aux autres ou se conformer aux habitudes des autres : apprendre à le dire et à l'entendre clairement, sans agressivité, sans reproches.

La bonne nouvelle, c'est qu’au regard de l'augmentation du prix de l'électricité, il nous est fait la grâce de l’opulence des illuminations de Noël… ;-)) Et ça c'est chouette! Merci!