Amoureux, aimer et infidélité

Aimer n’est pas être amoureux et réciproquement.

07 Septembre 2023

Être amoureux est un état (donc labile) d’excitation, d’enthousiasme, de fusion à l’autre, dans lequel, pulsé par la dopamine et la sérotonine, je me sens fort vivant. Je n’ai pas besoin de connaitre l’autre pour être amoureux, l’idéaliser suffit. D’ailleurs souvent, être amoureux, c’est désirer, aimer l’idée qu’on se fait de l’autre…

Aimer a besoin de temps. C’est un sentiment qui se construit. Aimer nécessite un travail de connaissance de l’autre. Plus je fréquente l’autre, plus je m’y intéresse, et plus je le connais et cherche à le comprendre, plus je découvre la complexité de ses différentes facettes. Toutes ces facettes ne sont pas brillantes et lumineuses, certaines sont plus ternes, plus rugueuses, moins aimables… Cette personne, sur beaucoup d’aspects, suscite mon admiration et c’est la raison pour laquelle j’accepte par ailleurs ses imperfections

Dans l’ordre, nous sommes d’abord amoureux, puis éventuellement nous aimons. 

Nous pouvons être amoureux d’une personne, et finalement ne pas l’aimer (séparation au bout de quelques semaines, quelques mois selon la fréquence des rendez-vous). Nous pouvons aussi aimer des personnes, sans jamais être amoureux d’elles. Et nous pouvons aimer une personne sans être toujours (autant) amoureux d’elle. 

Un peu à l’image d’un feu dans un foyer, l’état amoureux serait le moment où le feu s’emballe à grosses flammes. Or dans une cheminée, la flambée n’est pas toujours active. Après la flambée (250 à 800°C) qui a décomposé une grosse partie du bois, il reste le charbon de bois qui va se consumer lentement, et c’est à cette étape que la température dans le foyer est la plus élevée (entre 800 et 1000°C). Ces braises permettent de maintenir une température de fonctionnement du foyer et d’auto-entretenir le processus de flambée à condition d’y apporter régulièrement du bois et de l’oxygène.

Aimer, ce sont les braises qui maintiennent le foyer à une température propice au fonctionnement. Être amoureux, c’est l’enflammement quand on met des bûches et apporte suffisamment d’oxygène, pour entretenir le feu de la relation.

Ainsi, on peut tout à fait aimer son / sa partenaire et être par ailleurs amoureux.se d’une autre personne… Ce n’est pas antagoniste.

L’infidélité, selon l’anthropologue Helen Fisher, se caractérise par 3 conditions :

- La notion de secret : la relation que j’entretiens à l’autre est strictement cachée, secrète et confidentielle.

- Il existe un investissement émotionnel dans la relation extra conjugale, c’est-à-dire que cette relation suscite des émotions en moi : de la joie, de l’enthousiasme, de l’excitation, … L’autre fait partie de mes pensées, je me réjouis d’avoir de ses nouvelles, je suis dans l'attente de la prochaine rencontre, du prochain appel…

- Une complicité sexuelle, qui ne signifie pas obligatoirement passage à l’acte. Les sextos, les relations épistolaires via les applications, sont une forme d’alchimie sexuelle.

Faut-il avouer l’infidélité

Dans certaines histoires, l’infidélité permet de retrouver l’ardeur de l’état amoureux en Soi pour le ramener dans le couple, et relancer le feu de la relation. Si l’autre ne soupçonne rien, est-ce vraiment utile de dire où j’ai trouvé ce feu qu’on ne parvenait plus à ranimer tous les deux ?

A l’inverse, quand le partenaire pose la question plusieurs fois (« Si tu avais quelqu’un, tu me le dirais ? »), c’est une erreur de croire qu’on va le convaincre et sauver le couple en niant. Au contraire, si le compagnon pose plusieurs fois la question, il est bon d’envisager qu’il sait ou se doute sérieusement de quelque chose. Dans ce cas, admettre l’infidélité, c’est preuve de maturité, et donner une chance à la relation d’être sauvée. Nier l’infidélité, c’est prendre l’autre pour un imbécile, le mépriser, et réduire ainsi fortement les chances de sauver le couple.


Bibliographie: 

"Est-ce que tu m'aimes encore?" de Christophe Fauré